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LE SÉGA

 

INTRODUCTION

 

Le terme de séga[1] recouvre une famille de musiques (avec des paroles en créole quand elles sont chantées) et de danses traditionnelles pratiquées dans un espace géographique précis : les îles de l'archipel des Mascareignes (La Réunion, Maurice, Rodrigues), les Seychelles et quelques petites îles de l'Océan Indien (Agaléga, Saint-Brandon…).

Certes, le séga est décliné selon plusieurs variantes locales ("séga tambour" et "ségakordéon" à Rodrigues, "séga ravanne", "séga tipik" et même "séga Rivière Noire" à Maurice, "séga tremblé" et "moutia" aux Seychelles, "séga" et "maloya" à La Réunion etc.). Mais ces variantes possèdent de nombreuses ressemblances de sorte qu'il est justifié de les classer dans une même famille musicale et culturelle.

 

[1] L'origine du mot séga (désigné dans les textes anciens par "chéga", "tchéga", "tsiega") n'est pas connue. Différents auteurs font remarquer qu'au Mozambique, tchega se rapporterait à une danse très proche du fandango dansé au 17ème siècle en Espagne, au Pays basque et au Portugal. En swahili, le mot sega désigne l’action de retrousser ses habits, caractéristique des danses bantoues mais aussi geste typique des danseuses de séga.

 

 

 

Dans les développements qui suivent, deux questions seront examinées :

  • ·         pourquoi dans les îles qui viennent d'être citées, le "séga" constitue-t-il un élément commun de leur culture ?
  • ·         qu'est-ce que le séga et le maloya réunionnais ?

 

LA SPHÈRE GÉOGRAPHIQUE DU SÉGA

 

La Réunion

 

C'est à La Réunion, première île des Mascareignes devenue française, que le séga est né.

Totalement inhabitée lorsque la France en prit possession en 1642, l'île fut concédée en 1664 à la Compagnie des Indes Orientales, entreprise capitaliste ayant pour objet de faire du commerce dans toute l'Asie. Afin de créer un centre de ravitaillement pour ses navires, la Compagnie y amena une poignée d'artisans recrutés dans différentes régions de France. La première langue parlée à La Réunion fut donc le français.

À ces tout premiers habitants permanents de l'île vinrent s'adjoindre, au fil des ans, des Malgaches, des Africains, des Comoriens, des Indiens et, à partir du dernier quart du 17ème siècle, de nombreux pirates Anglais, Hollandais, Français etc[2].

Les Noirs furent rapidement réduits en esclavage. Mais jusqu'au début du 18ème siècle, l'esclavage demeura très limité car la population, très clairsemée, vivait dans le cadre d'une économie de subsistance. Destinée à la consommation familiale, la production était essentiellement vivrière et n'exigeait donc pas une main-d'œuvre abondante. En 1704, le nombre de Blancs ne dépassait pas 423 et celui des esclaves 311.

Au début du 18ème siècle se produisit un changement fondamental avec l'émergence de l'économie et de la société de plantation. Ayant décidé de faire de La Réunion le centre de la production du café destiné à alimenter tout le marché français, la Compagnie y créa, partout où cela était possible, des plantations de caféiers. Pour disposer d'une main-d'œuvre nombreuse et bon marché, elle développa la traite des esclaves en direction de Madagascar et de la côte est de l'Afrique. Les effectifs de la population bondirent et les esclaves devinrent très largement majoritaires. En 1735, La Réunion comptait 1 873 Blancs et 7 664 esclaves dont 76% de Malgaches, 14,4% d'Africains et 9,6% d'Indiens[3]. De 1773 à 1810, la traite apporta quelques 50 000 esclaves à La Réunion. À cette dernière date, les esclaves forment plus des trois quarts de la population de l'île[4].

            C'est dans le cadre social formé par la plantation que naquit, dans les camps d'esclaves, une première forme du séga associant les trois éléments constitutifs essentiels de ce genre musical : une musique particulière, une danse originale et une langue spécifique, le créole.

 

Les autres îles françaises de l'océan Indien

 

En même temps qu'elle développait l'économie du café à La Réunion, la Compagnie étendit progressivement sa domination sur les principales îles du sud-ouest de l'océan Indien.

Dès 1715, elle s'empara de Maurice que les Hollandais avaient complètement délaissée pour aller s'installer au Cap de Bonne-Espérance. Le but de la Compagnie était d'y fonder un port militaire pour défendre La Réunion contre d'éventuels ennemis. En 1725, elle prit possession de l'île Rodrigues. Puis, entre 1742 et 1756 elle s'annexa les Seychelles pour y créer une base navale sur la principale route maritime conduisant à l'Inde.

Certes, toutes ces îles étaient déjà connues des navigateurs arabes et servaient parfois d'escales aux navires portugais, français, anglais et hollandais. Mais quand la France en prit possession, sur aucune d'elles ne vivaient des populations définitivement établies. C'est la Compagnie qui, pour les besoins de sa politique coloniale, y installa des hommes et femmes venant pour l'essentiel des mêmes horizons géographiques[5]. Il n'est donc pas étonnant qu'on retrouve dans toutes ces îles de nombreux éléments culturels communs, dont le séga, avec des variantes locales.

Il est fondamental de noter que le séga, comme genre musical traditionnel, n'existe dans aucune autre île de l'océan Indien que celles qui viennent d'être mentionnées, ni à Madagascar, ni dans l'archipel des Comores (Grande Comore, Anjouan, Mohéli, Mayotte), ni dans l'archipel de Zanzibar (Unguja, Pemba et Mafia). Il en est ainsi parce que quand les premiers navires français arrivèrent au 17ème siècle dans l'océan Indien, dans ces îles des populations étaient installées depuis longtemps avec toutes leurs traditions, coutumes, musiques, danses... Pendant tout le 17ème siècle et le 18ème siècle, il n'y eut aucune tentative de colonisation française, sauf à Madagascar. Cette tentative se solda rapidement par un désastre : la Compagnie fut chassée de Fort Dauphin dès 1674.

 

LES SÉGAS

 

En partant des trois éléments constitutifs du séga, il est possible de le définir comme une danse d'origine afro-malgache associée à une musique chantée en créole quand il y a des paroles.

            Après avoir présenté l'"ancien" séga (encore appelé maloya à La Réunion) né au 18ème siècle, on s'intéressera au séga "moderne" qui fit son apparition dans la seconde moitié du 19ème siècle.

 

Le cadre social dans lequel l'"ancien" séga est né

 

La plantation esclavagiste

 

Le séga est né au 18ème siècle à La Réunion au sein de la société de plantation esclavagiste. La base économique de la plantation comprenait :

  • ·         les terres cultivables qui, pour l'essentiel, étaient consacrées à la monoculture des caféiers, puis de la canne à partir du 19ème siècle ;
  • ·         le travail des esclaves venant surtout de Madagascar et d'Afrique ;
  • ·         le Code Noir qui organisait les relations économiques et juridiques entre le maître de la plantation et ses esclaves.

La production, transformée (sucre) ou non (café), n'était pas destinée à la consommation locale mais à l'exportation vers le marché métropolitain.

La plantation n'était pas seulement un lieu de production mais aussi et surtout une institution sociale totale sous le commandement d'un maître détenant les plus larges pouvoirs. Pour les esclaves, elle formait un univers à la fois concentrationnaire et clos : il leur était interdit d'en sortir, de se réunir avec des esclaves appartenant à d'autres maîtres…

C'est dans cet univers que sont progressivement apparus les trois éléments constitutifs du séga, à commencer par le créole, langue utilisée pour les paroles des chansons.

 

Le créole

 

Le créole des îles du sud-ouest de l'océan Indien s'est spontanément constitué pour répondre au besoin de communication entre d'une part les esclaves et les maîtres et d'autre part entre esclaves d'origines différentes. Forgé par déformation et simplification du français, langue du maître, le créole contient aussi des apports africains et malgaches auxquels sont venus s'adjoindre des éléments de hindi et de chinois à partir du milieu du 19ème siècle. Le créole, langue métissée, est au départ purement orale.

 

La musique et la danse

 

Le séga, comme musique et danse a été décrit par plusieurs voyageurs qui ont pu l'observer lors de leurs séjours à Maurice au 18ème[6] et début du 19ème siècle[7]. Le témoignage de Louis de Freycinet, datant de 1817, est le moins lacunaire[8]. Il écrit :

 

 

 

 

   

                               ………………………………………………………………………

 

 

 

Ce texte contient l'énumération des principales caractéristiques du séga (chéga ou tchéga) à savoir :

  • ·         qu'il est une musique composée par les esclaves ;
  • ·         que les dessins mélodiques ont pour origine le Mozambique ou Madagascar.
  • ·         que les mélodies sont en mode mineur ;
  • ·         que l'instrument de musique fondamental est le tamtam qui donne le rythme ;
  • ·         qu'il est chanté avec des paroles en créole que Freycinet analyse comme étant "une sorte de patois inventé par les Noirs qui, ne pouvant se plier à notre syntaxe, prononcer nos mots difficiles et saisir la valeur propre de quelques-unes de nos expressions, les ont travestis à leur manière"[9] ;
  • ·         qu'il est autant une danse mozambicaine qu'une musique ;
  • ·         qu'il est pratiqué pour faire la fête.

En revanche, le texte de Freycinet ne dit pas si le séga, comme musique, est aussi utilisé comme chant de travail.

            Le séga, tel que décrit par Freycinet mais aussi par Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Gérard Milbert et Dumont d'Urville, était celui pratiqué à l'île Maurice à la fin du 18ème et au début du 19ème siècle[10]. Pour la même époque, il n'existe pas, à notre connaissance, de description du séga de La Réunion. On peut cependant raisonnablement supposer qu'il n'y avait pas (ou guère) de différence entre les ségas pratiqués dans les deux îles. Il faut en effet se souvenir que l'île Maurice, quand elle devint française, fut dans un premier temps peuplée par des familles réunionnaises qui y furent transplantées par la Compagnie. En outre, la main-d'œuvre servile que la Compagnie y amena provenait des mêmes régions d'Afrique et de Madagascar que celle transférée vers La Réunion. Maurice et La Réunion étant peuplée par les mêmes populations pendant la période esclavagiste de leur histoire, il est naturel de penser que les pratiques des ségas étaient très proches, voire identiques.

Ce séga du 18ème et début du 19ème siècle, commun aux deux îles, était désigné à La Réunion sous le nom de maloya. C'est ce terme qu'employait en 1834, Lescouble (un sucrier de Sainte-Suzanne) dans son journal :

"Après tout cela, j'ai déjeuné et suis monté chez l'ami Campanon où j'ai trouvé déjà rassemblée une partie des convives de la fête anniversaire de M. Gertin…À cinq heures, tous les convives arrivés, nous nous sommes mis à table. Le repas a été gai, animé. On a porté les santés, chanté des couplets maloya etc. etc. comme de coutume"[11]

            Il est donc établi que le terme de maloya n'est pas né au 20ème siècle comme on le prétend parfois.

 

LES NOUVEAUX SEGAS

 

Le nouveau contexte économique et social

 

            On peut affirmer, jusqu'à preuve du contraire, que le "nouveau" séga est apparu sous le Second Empire (1852-1870). Selon Jean-Pierre La Selve, il serait né

"… de la "créolisation d'un type de danse européen, le quadrille. Cette danse, d'origine anglaise, mise à la mode en France sous le Second Empire, a été introduite à La Réunion dans le respect intégral du modèle, sans aucune modification, ni des figures, ni des musiques"[12]

Dans quel cadre social cette "créolisation" s'est-elle réalisée ? Et en quoi consiste-t-elle ?

Il est fondamental de remarquer d'abord que le "nouveau" séga est apparu après l'abolition de l'esclavage (1848), donc dans une société en pleine mutation où émergent de nouvelles classes sociales. L'Abolition transforme en effet les anciens maîtres en bourgeois capitalistes tandis que l'affranchissement des esclaves donne naissance à une population de sous-prolétaires vivant au jour le jour dans les Hauts de l'île ou à la périphérie des villes et bourgs. Les nouveaux travailleurs des plantations sont ne sont plus des esclaves mais des engagés. Leurs conditions de travail, sont fixées par des contrats qui déterminent le salaire, la durée du travail, le logement, l'habillement etc.

Ces transformations sociales favorisent la croissance économique d'autant plus que celle-ci se déroule dans une conjoncture sucrière très favorable[13]. En effet, de 1852 à 1864, les exportations de sucre rapportent d'abondants profits qui permettent à la bourgeoisie de l'île d'organiser de nombreuses réjouissances. Les bals se multiplient ce qui donne l'occasion aux musiciens noirs ("jouars") ayant appris à jouer sur des instruments européens d'être engagés.

 

Les processus de créolisation

 

La créolisation du quadrille[14] (qui comprend cinq figures : pantalon, été, poule, pastourelle, finale) est facilitée par le fait qu'il peut pratiquement être dansé sur n'importe quelle musique (mazurkas, polkas, valses, chants marins, marches militaires…) et que sa dernière figure (finale) est libre. Les "jouars" vont profiter de cet espace de liberté pour changer la rythmique des musiques européennes en introduisant des syncopes et en passant du binaire au ternaire. Ainsi naît le "quadrille créolisé".

À partir de là, il devient alors naturel d'étendre ce même processus de "créolisation" aux autres figures du quadrille ce qui donnera naissance au séga moderne.

Par la suite, cette musique se répand dans les couches populaires par l'intermédiaire des "jouars" lorsqu'ils rentrent dans leur famille. Par ce biais, le séga devient une musique populaire de la Réunion.

Une variante de ce processus de créolisation se déroule quand, au lieu de jouer des mélodies européennes avec une rythmique différente, les musiciens populaires se mettent à jouer sur des instruments européens des airs de leur composition avec des paroles en créole. Ce nouveau séga ou "séga réunionnais" se caractérise, selon Jean-Pierre La Selve

"par la conjugaison du rythme d'origine africaine, des instruments européens et des airs de morceau-quadrilles de composition locale qu'on peut appeler aussi ségas, mais qui seront toujours joyeux et de tonalité majeure"

            Le tableau ci-après permet de différencier les ségas anciens (maloya) et modernes joués et dansés à La Réunion.

 

 

Les apports des autres ethnies au séga et au maloya

 

Les origines ethniques de la population réunionnaise sont multiples européennes, africaines, malgaches, indiennes, indo-pakistanaises, chinoises… Quel ont été les apports respectifs des différentes ethnies au maloya et au séga ? Les apports provenant des musiques et danses africaines, malgaches et européennes ont déjà été présentés. Il reste à voir ceux des Malbars, Zarabs et Sinois[15].

Les Malbars sont arrivés dans l'île comme engagés dotés de contrats de travail qui leur garantissaient la possibilité d'exercer leur religion et de leurs coutumes[16]. Ces engagés malbars formaient dans la seconde moitié du 19ème siècle, une population très nombreuse variant entre 35 000 en 1855 et 42 000 en 1880 avec un maximum de 52 500 en 1866. Ils ont donc pu constituer, dans les plantations, d'importants groupes relativement homogènes et cohérents capables de préserver certains de leurs rites, cultures, musiques, danses… Jusque dans les années 1990, les Malbars qui pratiquaient le séga et le maloya n'y avaient pas intégré ni de mélodies ni d'instruments de musiques d'origine indienne. Depuis quelques années, les choses changent. Par exemple, le groupe Ziskakan a introduit des percussions indiennes dans leurs ségas et maloyas.

Quant aux Zarabs et aux Sinois, venus de leur plein gré essentiellement pour commercer et non pour travailler dans les plantations, ils n'ont pas apporté d'éléments pouvant contribuer à modifier le séga et le maloya car ils ont entretenu avec la population des engagés et des affranchis des relations essentiellement marchandes. Un petit nombre d'entre-eux se sont fondus dans la population générale en adoptant tels quels le maloya et le séga. La plupart des autres ne se sont pas mélangés aux autres éléments de la population et ont préféré rester au sein de leur communauté pour garder leur religion (sunnites, chiites), leur culture, leurs structures familiales et claniques.

 

Séga et maloya dans l'espace politique

 

Parce qu'il est né dans les salons de la bourgeoisie réunionnaise avant de se répandre dans les milieux populaires, le séga moderne a toujours bénéficié de l'appui de ceux qui ont gouverné La Réunion, des forces conservatrices ainsi que des médias pour sa diffusion la plus large possible. Les premiers 78 tours de séga ont commencé à être commercialisés dans les années 1930.

Il en a été tout autrement pour le maloya. Métissage créolisé de danses et musiques apportées à La Réunion par les esclaves Africains et Malgaches, il était pour ceux-ci un moyen d'oublier leur condition servile quand ils faisaient la fête. Mais il était aussi en même temps une expression de leur résistance à l'oppression. C'est pour cette raison que, pendant très longtemps, il a été vu d'un très mauvais œil par ceux qui détenaient les pouvoirs économiques et politiques.

Certes, le maloya n'a jamais été officiellement prohibé car il ne pouvait pas l'être. Il n'existe aucun texte officiel (loi, décret, arrêté…) interdisant de chanter ou de danser le maloya. Mais il y a bien eu tentative d'étouffement, ostracisme à l'égard de ce genre musical.

Sauf circonstances exceptionnelles, le maloya ne pouvait entrer dans les salons des maîtres ni, après l'Abolition de l'esclavage, dans ceux des bourgeois. Et quand les médias (journaux, radio, télévision) sont devenus des instruments majeurs de communication, le maloya n'a pas eu droit de cité. C'est seulement en 1976 que paraît le premier disque de maloya dont voici la couverture[17].

 

 

 

Mais les radios ne commenceront à diffuser du maloya sur les ondes qu'en 1982, après l'arrivée de la gauche au pouvoir.

 

CONCLUSIONS

 

Le maloya (ou ancien séga) et le séga moderne constituent aujourd'hui, à égalité, les deux genres musicaux typiques de La Réunion. Les développements qui précèdent permettent de comprendre pourquoi le séga n'a actuellement qu'une reconnaissance purement locale, alors que le maloya bénéficie d'une reconnaissance planétaire depuis qu'il a été inscrit par l'UNESCO au Patrimoine Mondial de l'Humanité en 2009[18].

Certaines personnalités, scandalisées par la position de l'UNESCO, ont soutenu que ce n'était pas le maloya qui aurait du être distingué, mais le séga[19]. D'autres pensent qu'il aurait fallu inscrire et le maloya et le séga au Patrimoine Mondial de l'Humanité.

L'inscription du maloya, à l'exclusion du séga, au Patrimoine Mondial de l'Humanité résulte en fait d'un choix délibéré opéré par la direction de la MCUR (Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise), porteuse du projet[20]. Jean-Claude Carpanin Marimoutou, Directeur de la recherche et des publications de la MCUR expose les raisons de ce choix dans les termes suivants. Le maloya, dit-il,

"est un exemple éloquent des processus de créolisation qui se sont développés (et qui continuent de se développer) à la Réunion. C’est en ce sens qu’il est particulièrement représentatif de la culture réunionnaise, dans sa dynamique, sa créativité constante, son dialogue assumé avec les cultures du monde. La reconnaissance internationale du maloya est aussi un immense hommage rendu à toutes celles et à tous ceux qui ont résisté au déni, au mépris, à la marginalisation, aux interdictions de toute sorte, aux brimades pour affirmer, maintenir, valoriser et transmettre leur culture"[21]

            Ce texte contient les deux raisons pour lesquelles la direction de la MCUR a proposé à l'UNESCO la candidature du maloya et non celle du séga. Le maloya :

  • ·         est représentatif de l'identité culturelle réunionnaise ;
  • ·         c'est un symbole de la résistance des opprimés ; pour cette raison, on a tenté de le détruire dans le passé et il pourrait, dans le futur, être combattu, avec risque d'élimination ; c'est la raison pour laquelle il est nécessaire de prendre des mesures de sauvegarde permettant de le protéger.

Ces deux arguments se retrouvent d'ailleurs dans le texte de l'UNESCO expliquant pourquoi il importe d'inscrire le maloya sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

"Facteur d’identité nationale, illustration des processus de métissages culturels, porteur de valeurs et modèle d’intégration, le Maloya est fragilisé par les mutations sociologiques ainsi que par la disparition de ses grandes figures et du culte aux ancêtres"[22].

Quant au séga, il constitue certes une composante représentative de la culture réunionnaise. Mais il n'a jamais été menacé de destruction par des forces sociales qui auraient été opposées à son existence, bien au contraire. C'est pourquoi il n'a pas besoin, du moins pour le moment, d'être préservé comme élément original et typique du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

 



[1] L'origine du mot séga (désigné dans les textes anciens par "chéga", "tchéga", "tsiega") n'est pas connue. Différents auteurs font remarquer qu'au Mozambique, tchega se rapporterait à une danse très proche du fandango dansé au 17ème siècle en Espagne, au Pays basque et au Portugal. En swahili, le mot sega désigne l’action de retrousser ses habits, caractéristique des danses bantoues mais aussi geste typique des danseuses de séga.

[2] Chassés des Caraïbes après la signature du traité de Madrid (1670) par lequel l'Espagne et de l'Angleterre mettaient en commun leurs forces pour lutter contre eux, ces pirates émigrèrent vers le sud-ouest de l'océan Indien et s'établirent principalement sur la côte est de l'Afrique et à Madagascar.

[3] C. Mazet : L'île Bourbon en 1735 in Claude Wanquet : Fragments pour une histoire des économise et sociétés de plantation à La Réunion ; Publication de l'université de La Réunion ; 1989 ; p. 21.

[4] HO Hai Quang ; Contribution à l'histoire économique de l'île de La Réunion (1642-1848) ; L'Harmattan ; 1998 ; p. 161. Pour plus de détails sur la période esclavagiste, voir Jean Barassin ; Aperçu général sur l’évolution des groupes ethniques à l’île Bourbon depuis les origines jusqu’en 1848. Voir Actes du colloque de St-Denis de La Réunion ; septembre 1972 ; Mouvements de population dans l’océan Indien ; 1979 ; pp. 245-251.

[5] Voir par exemple Claude Wanquet : Le peuplement des Seychelles sous l'occupation française, une expérience de colonisation à la fin du 18ème siècle in Mouvements de population dans l'océan Indien, Paris 1979, 259 pages, pp. 187-208.

[6] Bernardin de Saint-Pierre ; Voyage à l'ile de France ; tome 1 ; Paris ; 1835 ; p. 142.

[7] Dumont d'Urville ; Voyage pittoresque autour du monde ; tome 1; Paris ; 1839 ; p. 58.

[8] Louis de Freycinet ; Voyage autour du Monde entrepris par ordre du Roi ; tome 1 ; deuxième partie ; pp 403- 405 ; Paris ; 1827.

http://books.google.fr/books?id=_B8OAAAAQAAJ&pg=PA405&lpg=PA405&dq=%22On+peut,+dit+M.+Pitot...%22&source=bl&ots=tmtXY3qx07&sig=RbzXJJF23pzbp3IlGBDzZCoy060&hl=fr&sa=X&ei=K8SjT-iPBsTk4QSdp7WbCQ&ved=0CC8Q6AEwAg#v=onepage&q=%22On%20peut%2C%20dit%20M.%20Pitot...%22&f=false

[9] Louis de Freycinet ; Voyage autour du Monde entrepris par ordre du Roi ; tome 1 ; deuxième partie ; p. 406 ; Paris ; 1827.

[10] Bernardin de Saint-Pierre ; Voyage à l'ile de France ; tome 1 ; Paris ; 1835 ; p. 142. M. J Milbert, "Voyage pittoresque à l'Ile-de-France, au Cap de Bonne-Espérance et à l'Ile de Ténériffe", Atlas, Paris, A. Nepveu, libraire, 1812 ; p. 166-167 ; p. 184-185.

Dumont d'Urville ; Voyage pittoresque autour du monde ; tome 1; Paris ; 1839 ; p. 58.

[11] Jean-Baptiste Renoyal de Lescouble ; Journal d'un colon de l'île Bourbon ; Paris ; L'Harmattan ; Édition du Tramail ; tome 3 (1831-1838 ) ; p. 1 265.

[12] Jean-Pierre La Selve ; Musiques traditionnelles de La Réunion ; Azalées Éditions ; Saint-Denis ; 1995 ; p. 100.

[13] HO Hai Quang ; Histoire économique de l'île de La Réunion (1849-1881) ; l'Harmattan ; 2004 ; p. 105 et suivantes.

[14] Le quadrille (square dance dans les pays anglo-saxons) est une danse composée d’un ensemble de figures dérivées des anciennes contredanses. Il est exécuté par des groupes de quatre couples (d'où le mot) formant un carré. Il peut se danser sur n'importe quel rythme (rapide ou lent) et sur n'importe quelle musique (polka, valse, mazurka…).

 

[15] Les Tamaouls couramment appelés Malbars à La Réunion sont originaires du sud de l'Inde ; les Indo-Pakistalais de religion musulmane sont dénommés Zarabs ; le terme de Sinois désigne les Chinois provenant essentiellement des provinces de Guangdong et du Fujian.

[16] Michèle Marimoutou ; Les engagés du sucre ; 1989 ; Saint-Denis ; p. 117 et suivantes.

[17] Témoignages relate l'histoire de ce disque dans les termes suivants : "Dans les années 60, années Debré, le Parti communiste réunionnais s’oppose vivement au pouvoir en place avec pour mot d’ordre, l’autonomie de La Réunion. Le 29 août 1976, au gymnase Manès du Port, devant 3.000 personnes se tient le 4ème congrès du PCR. Ce soir-là, Firmin Viry et sa troupe entonnent un maloya. Les micros sont encore ouverts. La bande gravée est sur 33 tours : le premier disque de maloya est né. Le maloya devient alors politique et s’érige en symbole de la résistance à l’oppression... ".

http://www.temoignages.re/plus-rien-ne-peut-effacer-le-maloya,52288.html

 

[18] Le 1er octobre 2009, la Convention internationale de l’UNESCO réunie à Abu Dhabi pour examiner les candidatures venues du monde entier a inscrit le maloya sur la liste des éléments faisant partie du Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité.

[19] Voir la position de Bernadette Ladauge in : http://www.linfo.re/Bernadette-Ladauge-Le-Maloya-a-l-Unesco-c-est-une-connerie?debut_question=3

[20] Le dossier de candidature du maloya, préparé avec l'aide du PRMA (Pôle Régional des Musiques Actuelles) et de nombreux artistes (Danyel Waro….) a été proposé à l’UNESCO par l’État Français à la demande de Paul Vergès, alors Président de la Région Réunion.

[21] http://www.runmuzik.fr/patrimoine/actualite/le-maloya-au-patrimoine-culturel.html.

[22] Projet de décision 4.COM 13.40 ; ITH/09/4.COM/CONF.209/13 Paris, 3 août 2009.

 

            Le tableau ci-après permet de différencier les ségas anciens (maloya) et modernes joués et dansés à La Réunion.

 

 

Les apports des autres ethnies au séga et au maloya

 

Les origines ethniques de la population réunionnaise sont multiples européennes, africaines, malgaches, indiennes, indo-pakistanaises, chinoises… Quel ont été les apports respectifs des différentes ethnies au maloya et au séga ? Les apports provenant des musiques et danses africaines, malgaches et européennes ont déjà été présentés. Il reste à voir ceux des Malbars, Zarabs et Sinois[1].

Les Malbars sont arrivés dans l'île comme engagés dotés de contrats de travail qui leur garantissaient la possibilité d'exercer leur religion et de leurs coutumes[2]. Ces engagés malbars formaient dans la seconde moitié du 19ème siècle, une population très nombreuse variant entre 35 000 en 1855 et 42 000 en 1880 avec un maximum de 52 500 en 1866. Ils ont donc pu constituer, dans les plantations, d'importants groupes relativement homogènes et cohérents capables de préserver certains de leurs rites, cultures, musiques, danses… Jusque dans les années 1990, les Malbars qui pratiquaient le séga et le maloya n'y avaient pas intégré ni de mélodies ni d'instruments de musiques d'origine indienne. Depuis quelques années, les choses changent. Par exemple, le groupe Ziskakan a introduit des percussions indiennes dans leurs ségas et maloyas.

Quant aux Zarabs et aux Sinois, venus de leur plein gré essentiellement pour commercer et non pour travailler dans les plantations, ils n'ont pas apporté d'éléments pouvant contribuer à modifier le séga et le maloya car ils ont entretenu avec la population des engagés et des affranchis des relations essentiellement marchandes. Un petit nombre d'entre-eux se sont fondus dans la population générale en adoptant tels quels le maloya et le séga. La plupart des autres ne se sont pas mélangés aux autres éléments de la population et ont préféré rester au sein de leur communauté pour garder leur religion (sunnites, chiites), leur culture, leurs structures familiales et claniques.

 

Séga et maloya dans l'espace politique

 

Parce qu'il est né dans les salons de la bourgeoisie réunionnaise avant de se répandre dans les milieux populaires, le séga moderne a toujours bénéficié de l'appui de ceux qui ont gouverné La Réunion, des forces conservatrices ainsi que des médias pour sa diffusion la plus large possible. Les premiers 78 tours de séga ont commencé à être commercialisés dans les années 1930.

Il en a été tout autrement pour le maloya. Métissage créolisé de danses et musiques apportées à La Réunion par les esclaves Africains et Malgaches, il était pour ceux-ci un moyen d'oublier leur condition servile quand ils faisaient la fête. Mais il était aussi en même temps une expression de leur résistance à l'oppression. C'est pour cette raison que, pendant très longtemps, il a été vu d'un très mauvais œil par ceux qui détenaient les pouvoirs économiques et politiques.

Certes, le maloya n'a jamais été officiellement prohibé car il ne pouvait pas l'être. Il n'existe aucun texte officiel (loi, décret, arrêté…) interdisant de chanter ou de danser le maloya. Mais il y a bien eu tentative d'étouffement, ostracisme à l'égard de ce genre musical.

Sauf circonstances exceptionnelles, le maloya ne pouvait entrer dans les salons des maîtres ni, après l'Abolition de l'esclavage, dans ceux des bourgeois. Et quand les médias (journaux, radio, télévision) sont devenus des instruments majeurs de communication, le maloya n'a pas eu droit de cité. C'est seulement en 1976 que paraît le premier disque de maloya dont voici la couverture[3].

 

 

 

Mais les radios ne commenceront à diffuser du maloya sur les ondes qu'en 1982, après l'arrivée de la gauche au pouvoir.

 

CONCLUSIONS

 

Le maloya (ou ancien séga) et le séga moderne constituent aujourd'hui, à égalité, les deux genres musicaux typiques de La Réunion. Les développements qui précèdent permettent de comprendre pourquoi le séga n'a actuellement qu'une reconnaissance purement locale, alors que le maloya bénéficie d'une reconnaissance planétaire depuis qu'il a été inscrit par l'UNESCO au Patrimoine Mondial de l'Humanité en 2009[4].

Certaines personnalités, scandalisées par la position de l'UNESCO, ont soutenu que ce n'était pas le maloya qui aurait du être distingué, mais le séga[5]. D'autres pensent qu'il aurait fallu inscrire et le maloya et le séga au Patrimoine Mondial de l'Humanité.

L'inscription du maloya, à l'exclusion du séga, au Patrimoine Mondial de l'Humanité résulte en fait d'un choix délibéré opéré par la direction de la MCUR (Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise), porteuse du projet[6]. Jean-Claude Carpanin Marimoutou, Directeur de la recherche et des publications de la MCUR expose les raisons de ce choix dans les termes suivants. Le maloya, dit-il,

"est un exemple éloquent des processus de créolisation qui se sont développés (et qui continuent de se développer) à la Réunion. C’est en ce sens qu’il est particulièrement représentatif de la culture réunionnaise, dans sa dynamique, sa créativité constante, son dialogue assumé avec les cultures du monde. La reconnaissance internationale du maloya est aussi un immense hommage rendu à toutes celles et à tous ceux qui ont résisté au déni, au mépris, à la marginalisation, aux interdictions de toute sorte, aux brimades pour affirmer, maintenir, valoriser et transmettre leur culture"[7]

            Ce texte contient les deux raisons pour lesquelles la direction de la MCUR a proposé à l'UNESCO la candidature du maloya et non celle du séga. Le maloya :

  • ·         est représentatif de l'identité culturelle réunionnaise ;
  • ·         c'est un symbole de la résistance des opprimés ; pour cette raison, on a tenté de le détruire dans le passé et il pourrait, dans le futur, être combattu, avec risque d'élimination ; c'est la raison pour laquelle il est nécessaire de prendre des mesures de sauvegarde permettant de le protéger.

Ces deux arguments se retrouvent d'ailleurs dans le texte de l'UNESCO expliquant pourquoi il importe d'inscrire le maloya sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

"Facteur d’identité nationale, illustration des processus de métissages culturels, porteur de valeurs et modèle d’intégration, le Maloya est fragilisé par les mutations sociologiques ainsi que par la disparition de ses grandes figures et du culte aux ancêtres"[8].

Quant au séga, il constitue certes une composante représentative de la culture réunionnaise. Mais il n'a jamais été menacé de destruction par des forces sociales qui auraient été opposées à son existence, bien au contraire. C'est pourquoi il n'a pas besoin, du moins pour le moment, d'être préservé comme élément original et typique du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

 



[1] Les Tamaouls couramment appelés Malbars à La Réunion sont originaires du sud de l'Inde ; les Indo-Pakistalais de religion musulmane sont dénommés Zarabs ; le terme de Sinois désigne les Chinois provenant essentiellement des provinces de Guangdong et du Fujian.

[2] Michèle Marimoutou ; Les engagés du sucre ; 1989 ; Saint-Denis ; p. 117 et suivantes.

[3] Témoignages relate l'histoire de ce disque dans les termes suivants : "Dans les années 60, années Debré, le Parti communiste réunionnais s’oppose vivement au pouvoir en place avec pour mot d’ordre, l’autonomie de La Réunion. Le 29 août 1976, au gymnase Manès du Port, devant 3.000 personnes se tient le 4ème congrès du PCR. Ce soir-là, Firmin Viry et sa troupe entonnent un maloya. Les micros sont encore ouverts. La bande gravée est sur 33 tours : le premier disque de maloya est né. Le maloya devient alors politique et s’érige en symbole de la résistance à l’oppression... ".

http://www.temoignages.re/plus-rien-ne-peut-effacer-le-maloya,52288.html

 

[4] Le 1er octobre 2009, la Convention internationale de l’UNESCO réunie à Abu Dhabi pour examiner les candidatures venues du monde entier a inscrit le maloya sur la liste des éléments faisant partie du Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité.

[5] Voir la position de Bernadette Ladauge in : http://www.linfo.re/Bernadette-Ladauge-Le-Maloya-a-l-Unesco-c-est-une-connerie?debut_question=3

[6] Le dossier de candidature du maloya, préparé avec l'aide du PRMA (Pôle Régional des Musiques Actuelles) et de nombreux artistes (Danyel Waro….) a été proposé à l’UNESCO par l’État Français à la demande de Paul Vergès, alors Président de la Région Réunion.

[7] http://www.runmuzik.fr/patrimoine/actualite/le-maloya-au-patrimoine-culturel.html.

[8] Projet de décision 4.COM 13.40 ; ITH/09/4.COM/CONF.209/13 Paris, 3 août 2009.

 

Les autres îles françaises de l'océan Indien

 

En même temps qu'elle développait l'économie du café à La Réunion, la Compagnie étendit progressivement sa domination sur les principales îles du sud-ouest de l'océan Indien.

Dès 1715, elle s'empara de Maurice que les Hollandais avaient complètement délaissée pour aller s'installer au Cap de Bonne-Espérance. Le but de la Compagnie était d'y fonder un port militaire pour défendre La Réunion contre d'éventuels ennemis. En 1725, elle prit possession de l'île Rodrigues. Puis, entre 1742 et 1756 elle s'annexa les Seychelles pour y créer une base navale sur la principale route maritime conduisant à l'Inde.

Certes, toutes ces îles étaient déjà connues des navigateurs arabes et servaient parfois d'escales aux navires portugais, français, anglais et hollandais. Mais quand la France en prit possession, sur aucune d'elles ne vivaient des populations définitivement établies. C'est la Compagnie qui, pour les besoins de sa politique coloniale, y installa des hommes et femmes venant pour l'essentiel des mêmes horizons géographiques[1]. Il n'est donc pas étonnant qu'on retrouve dans toutes ces îles de nombreux éléments culturels communs, dont le séga, avec des variantes locales.

Il est fondamental de noter que le séga, comme genre musical traditionnel, n'existe dans aucune autre île de l'océan Indien que celles qui viennent d'être mentionnées, ni à Madagascar, ni dans l'archipel des Comores (Grande Comore, Anjouan, Mohéli, Mayotte), ni dans l'archipel de Zanzibar (Unguja, Pemba et Mafia). Il en est ainsi parce que quand les premiers navires français arrivèrent au 17ème siècle dans l'océan Indien, dans ces îles des populations étaient installées depuis longtemps avec toutes leurs traditions, coutumes, musiques, danses... Pendant tout le 17ème siècle et le 18ème siècle, il n'y eut aucune tentative de colonisation française, sauf à Madagascar. Cette tentative se solda rapidement par un désastre : la Compagnie fut chassée de Fort Dauphin dès 1674.

 



[1] Voir par exemple Claude Wanquet : Le peuplement des Seychelles sous l'occupation française, une expérience de colonisation à la fin du 18ème siècle in Mouvements de population dans l'océan Indien, Paris 1979, 259 pages, pp. 187-208.

LES SÉGAS

 

En partant des trois éléments constitutifs du séga, il est possible de le définir comme une danse d'origine afro-malgache associée à une musique chantée en créole quand il y a des paroles.

            Après avoir présenté l'"ancien" séga (encore appelé maloya à La Réunion) né au 18ème siècle, on s'intéressera au séga "moderne" qui fit son apparition dans la seconde moitié du 19ème siècle.

 

Le cadre social dans lequel l'"ancien" séga est né

 

La plantation esclavagiste

 

Le séga est né au 18ème siècle à La Réunion au sein de la société de plantation esclavagiste. La base économique de la plantation comprenait :

  • ·         les terres cultivables qui, pour l'essentiel, étaient consacrées à la monoculture des caféiers, puis de la canne à partir du 19ème siècle ;
  • ·         le travail des esclaves venant surtout de Madagascar et d'Afrique ;
  • ·         le Code Noir qui organisait les relations économiques et juridiques entre le maître de la plantation et ses esclaves.

La production, transformée (sucre) ou non (café), n'était pas destinée à la consommation locale mais à l'exportation vers le marché métropolitain.

La plantation n'était pas seulement un lieu de production mais aussi et surtout une institution sociale totale sous le commandement d'un maître détenant les plus larges pouvoirs. Pour les esclaves, elle formait un univers à la fois concentrationnaire et clos : il leur était interdit d'en sortir, de se réunir avec des esclaves appartenant à d'autres maîtres…

C'est dans cet univers que sont progressivement apparus les trois éléments constitutifs du séga, à commencer par le créole, langue utilisée pour les paroles des chansons.

 

Le créole

 

Le créole des îles du sud-ouest de l'océan Indien s'est spontanément constitué pour répondre au besoin de communication entre d'une part les esclaves et les maîtres et d'autre part entre esclaves d'origines différentes. Forgé par déformation et simplification du français, langue du maître, le créole contient aussi des apports africains et malgaches auxquels sont venus s'adjoindre des éléments de hindi et de chinois à partir du milieu du 19ème siècle. Le créole, langue métissée, est au départ purement orale.

 

La musique et la danse

 

Le séga, comme musique et danse a été décrit par plusieurs voyageurs qui ont pu l'observer lors de leurs séjours à Maurice au 18ème[1] et début du 19ème siècle[2]. Le témoignage de Louis de Freycinet, datant de 1817, est le moins lacunaire[3]. Il écrit :

 

 


[1] Bernardin de Saint-Pierre ; Voyage à l'ile de France ; tome 1 ; Paris ; 1835 ; p. 142.

[2] Dumont d'Urville ; Voyage pittoresque autour du monde ; tome 1; Paris ; 1839 ; p. 58.

[3] Louis de Freycinet ; Voyage autour du Monde entrepris par ordre du Roi ; tome 1 ; deuxième partie ; pp 403- 405 ; Paris ; 1827.

http://books.google.fr/books?id=_B8OAAAAQAAJ&pg=PA405&lpg=PA405&dq=%22On+peut,+dit+M.+Pitot...%22&source=bl&ots=tmtXY3qx07&sig=RbzXJJF23pzbp3IlGBDzZCoy060&hl=fr&sa=X&ei=K8SjT-iPBsTk4QSdp7WbCQ&ved=0CC8Q6AEwAg#v=onepage&q=%22On%20peut%2C%20dit%20M.%20Pitot...%22&f=false

 

 

 

   

                               ………………………………………………………………………

 

 

 

Ce texte contient l'énumération des principales caractéristiques du séga (chéga ou tchéga) à savoir :

  • ·         qu'il est une musique composée par les esclaves ;
  • ·         que les dessins mélodiques ont pour origine le Mozambique ou Madagascar.
  • ·         que les mélodies sont en mode mineur ;
  • ·         que l'instrument de musique fondamental est le tamtam qui donne le rythme ;
  • ·         qu'il est chanté avec des paroles en créole que Freycinet analyse comme étant "une sorte de patois inventé par les Noirs qui, ne pouvant se plier à notre syntaxe, prononcer nos mots difficiles et saisir la valeur propre de quelques-unes de nos expressions, les ont travestis à leur manière"[1] ;
  • ·         qu'il est autant une danse mozambicaine qu'une musique ;
  • ·         qu'il est pratiqué pour faire la fête.

En revanche, le texte de Freycinet ne dit pas si le séga, comme musique, est aussi utilisé comme chant de travail.

            Le séga, tel que décrit par Freycinet mais aussi par Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Gérard Milbert et Dumont d'Urville, était celui pratiqué à l'île Maurice à la fin du 18ème et au début du 19ème siècle[2]. Pour la même époque, il n'existe pas, à notre connaissance, de description du séga de La Réunion. On peut cependant raisonnablement supposer qu'il n'y avait pas (ou guère) de différence entre les ségas pratiqués dans les deux îles. Il faut en effet se souvenir que l'île Maurice, quand elle devint française, fut dans un premier temps peuplée par des familles réunionnaises qui y furent transplantées par la Compagnie. En outre, la main-d'œuvre servile que la Compagnie y amena provenait des mêmes régions d'Afrique et de Madagascar que celle transférée vers La Réunion. Maurice et La Réunion étant peuplée par les mêmes populations pendant la période esclavagiste de leur histoire, il est naturel de penser que les pratiques des ségas étaient très proches, voire identiques.

Ce séga du 18ème et début du 19ème siècle, commun aux deux îles, était désigné à La Réunion sous le nom de maloya. C'est ce terme qu'employait en 1834, Lescouble (un sucrier de Sainte-Suzanne) dans son journal :

"Après tout cela, j'ai déjeuné et suis monté chez l'ami Campanon où j'ai trouvé déjà rassemblée une partie des convives de la fête anniversaire de M. Gertin…À cinq heures, tous les convives arrivés, nous nous sommes mis à table. Le repas a ét


[1] Louis de Freycinet ; Voyage autour du Monde entrepris par ordre du Roi ; tome 1 ; deuxième partie ; p. 406 ; Paris ; 1827.

[2] Bernardin de Saint-Pierre ; Voyage à l'ile de France ; tome 1 ; Paris ; 1835 ; p. 142. M. J Milbert, "Voyage pittoresque à l'Ile-de-France, au Cap de Bonne-Espérance et à l'Ile de Ténériffe", Atlas, Paris, A. Nepveu, libraire, 1812 ; p. 166-167 ; p. 184-185.

Dumont d'Urville ; Voyage pittoresque autour du monde ; tome 1; Paris ; 1839 ; p. 58.

animé. On a porté les santés, chanté des couplets maloya etc. etc. comme de coutume"[1]

            Il est donc établi que le terme de maloya n'est pas né au 20ème siècle comme on le prétend parfois.

 

LES NOUVEAUX SEGAS

 

Le nouveau contexte économique et social

 

            On peut affirmer, jusqu'à preuve du contraire, que le "nouveau" séga est apparu sous le Second Empire (1852-1870). Selon Jean-Pierre La Selve, il serait né

"… de la "créolisation d'un type de danse européen, le quadrille. Cette danse, d'origine anglaise, mise à la mode en France sous le Second Empire, a été introduite à La Réunion dans le respect intégral du modèle, sans aucune modification, ni des figures, ni des musiques"[2]

Dans quel cadre social cette "créolisation" s'est-elle réalisée ? Et en quoi consiste-t-elle ?

Il est fondamental de remarquer d'abord que le "nouveau" séga est apparu après l'abolition de l'esclavage (1848), donc dans une société en pleine mutation où émergent de nouvelles classes sociales. L'Abolition transforme en effet les anciens maîtres en bourgeois capitalistes tandis que l'affranchissement des esclaves donne naissance à une population de sous-prolétaires vivant au jour le jour dans les Hauts de l'île ou à la périphérie des villes et bourgs. Les nouveaux travailleurs des plantations sont ne sont plus des esclaves mais des engagés. Leurs conditions de travail, sont fixées par des contrats qui déterminent le salaire, la durée du travail, le logement, l'habillement etc.

Ces transformations sociales favorisent la croissance économique d'autant plus que celle-ci se déroule dans une conjoncture sucrière très


[1] Jean-Baptiste Renoyal de Lescouble ; Journal d'un colon de l'île Bourbon ; Paris ; L'Harmattan ; Édition du Tramail ; tome 3 (1831-1838 ) ; p. 1 265.

[2] Jean-Pierre La Selve ; Musiques traditionnelles de La Réunion ; Azalées Éditions ; Saint-Denis ; 1995 ; p. 100.

favorable[1]. En effet, de 1852 à 1864, les exportations de sucre rapportent d'abondants profits qui permettent à la bourgeoisie de l'île d'organiser de nombreuses réjouissances. Les bals se multiplient ce qui donne l'occasion aux musiciens noirs ("jouars") ayant appris à jouer sur des instruments européens d'être engagés.

 

Les processus de créolisation

 

La créolisation du quadrille[2] (qui comprend cinq figures : pantalon, été, poule, pastourelle, finale) est facilitée par le fait qu'il peut pratiquement être dansé sur n'importe quelle musique (mazurkas, polkas, valses, chants marins, marches militaires…) et que sa dernière figure (finale) est libre. Les "jouars" vont profiter de cet espace de liberté pour changer la rythmique des musiques européennes en introduisant des syncopes et en passant du binaire au ternaire. Ainsi naît le "quadrille créolisé".

À partir de là, il devient alors naturel d'étendre ce même processus de "créolisation" aux autres figures du quadrille ce qui donnera naissance au séga moderne.

Par la suite, cette musique se répand dans les couches populaires par l'intermédiaire des "jouars" lorsqu'ils rentrent dans leur famille. Par ce biais, le séga devient une musique populaire de la Réunion.

Une variante de ce processus de créolisation se déroule quand, au lieu de jouer des mélodies européennes avec une rythmique différente, les musiciens populaires se mettent à jouer sur des instruments européens des airs de leur composition avec des paroles en créole. Ce nouveau séga ou "séga réunionnais" se caractérise, selon Jean-Pierre La Selve

"par la conjugaison du rythme d'origine africaine, des instruments européens et des airs de morceau-quadrilles de composition locale qu'on peut appeler aussi ségas, mais qui seront toujours joyeux et de tonalité majeure"



[1] HO Hai Quang ; Histoire économique de l'île de La Réunion (1849-1881) ; l'Harmattan ; 2004 ; p. 105 et suivantes.

[2] Le quadrille (square dance dans les pays anglo-saxons) est une danse composée d’un ensemble de figures dérivées des anciennes contredanses. Il est exécuté par des groupes de quatre couples (d'où le mot) formant un carré. Il peut se danser sur n'importe quel rythme (rapide ou lent) et sur n'importe quelle musique (polka, valse, mazurka…).

 


            Le tableau ci-après permet de différencier les ségas anciens (maloya) et modernes joués et dansés à La Réunion.

 

 

Les apports des autres ethnies au séga et au maloya

 

Les origines ethniques de la population réunionnaise sont multiples européennes, africaines, malgaches, indiennes, indo-pakistanaises, chinoises… Quel ont été les apports respectifs des différentes ethnies au maloya et au séga ? Les apports provenant des musiques et danses africaines, malgaches et européennes ont déjà été présentés. Il reste à voir ceux des Malbars, Zarabs et Sinois[1].

Les Malbars sont arrivés dans l'île comme engagés dotés de contrats de travail qui leur garantissaient la possibilité d'exercer leur religion et de leurs coutumes[2]. Ces engagés malbars formaient dans la seconde moitié du 19ème siècle, une population très nombreuse variant entre 35 000 en 1855 et 42 000 en 1880 avec un maximum de 52 500 en 1866. Ils ont donc pu constituer, dans les plantations, d'importants groupes relativement homogènes et cohérents capables de préserver certains de leurs rites, cultures, musiques, danses… Jusque dans les années 1990, les Malbars qui pratiquaient le séga et le maloya n'y avaient pas intégré ni de mélodies ni d'instruments de musiques d'origine indienne. Depuis quelques années, les choses changent. Par exemple, le groupe Ziskakan a introduit des percussions indiennes dans leurs ségas et maloyas.

Quant aux Zarabs et aux Sinois, venus de leur plein gré essentiellement pour commercer et non pour travailler dans les plantations, ils n'ont pas apporté d'éléments pouvant contribuer à modifier le séga et le maloya car ils ont entretenu avec la population des engagés et des affranchis des relations essentiellement marchandes. Un petit nombre d'entre-eux se sont fondus dans la population générale en adoptant tels quels le maloya et le séga. La plupart des autres ne se sont pas mélangés aux autres éléments de la population et ont préféré rester au sein de leur communauté pour garder leur religion (sunnites, chiites), leur culture, leurs structures familiales et claniques.

 

Séga et maloya dans l'espace politique

 

Parce qu'il est né dans les salons de la bourgeoisie réunionnaise avant de se répandre dans les milieux populaires, le séga moderne a toujours bénéficié de l'appui de ceux qui ont gouverné La Réunion, des forces conservatrices ainsi que des médias pour sa diffusion la plus large possible. Les premiers 78 tours de séga ont commencé à être commercialisés dans les années 1930.

Il en a été tout autrement pour le maloya. Métissage créolisé de danses et musiques apportées à La Réunion par les esclaves Africains et Malgaches, il était pour ceux-ci un moyen d'oublier leur condition servile quand ils faisaient la fête. Mais il était aussi en même temps une expression de leur résistance à l'oppression. C'est pour cette raison que, pendant très longtemps, il a été vu d'un très mauvais œil par ceux qui détenaient les pouvoirs économiques et politiques.

Certes, le maloya n'a jamais été officiellement prohibé car il ne pouvait pas l'être. Il n'existe aucun texte officiel (loi, décret, arrêté…) interdisant de chanter ou de danser le maloya. Mais il y a bien eu tentative d'étouffement, ostracisme à l'égard de ce genre musical.

Sauf circonstances exceptionnelles, le maloya ne pouvait entrer dans les salons des maîtres ni, après l'Abolition de l'esclavage, dans ceux des bourgeois. Et quand les médias (journaux, radio, télévision) sont devenus des instruments majeurs de communication, le maloya n'a pas eu droit de cité. C'est seulement en 1976 que paraît le premier disque de maloya dont voici la couverture[3].

 

 

 

Mais les radios ne commenceront à diffuser du maloya sur les ondes qu'en 1982, après l'arrivée de la gauche au pouvoir.

 

CONCLUSIONS

 

Le maloya (ou ancien séga) et le séga moderne constituent aujourd'hui, à égalité, les deux genres musicaux typiques de La Réunion. Les développements qui précèdent permettent de comprendre pourquoi le séga n'a actuellement qu'une reconnaissance purement locale, alors que le maloya bénéficie d'une reconnaissance planétaire depuis qu'il a été inscrit par l'UNESCO au Patrimoine Mondial de l'Humanité en 2009[4].

Certaines personnalités, scandalisées par la position de l'UNESCO, ont soutenu que ce n'était pas le maloya qui aurait du être distingué, mais le séga[5]. D'autres pensent qu'il aurait fallu inscrire et le maloya et le séga au Patrimoine Mondial de l'Humanité.

L'inscription du maloya, à l'exclusion du séga, au Patrimoine Mondial de l'Humanité résulte en fait d'un choix délibéré opéré par la direction de la MCUR (Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise), porteuse du projet[6]. Jean-Claude Carpanin Marimoutou, Directeur de la recherche et des publications de la MCUR expose les raisons de ce choix dans les termes suivants. Le maloya, dit-il,

"est un exemple éloquent des processus de créolisation qui se sont développés (et qui continuent de se développer) à la Réunion. C’est en ce sens qu’il est particulièrement représentatif de la culture réunionnaise, dans sa dynamique, sa créativité constante, son dialogue assumé avec les cultures du monde. La reconnaissance internationale du maloya est aussi un immense hommage rendu à toutes celles et à tous ceux qui ont résisté au déni, au mépris, à la marginalisation, aux interdictions de toute sorte, aux brimades pour affirmer, maintenir, valoriser et transmettre leur culture"[7]

            Ce texte contient les deux raisons pour lesquelles la direction de la MCUR a proposé à l'UNESCO la candidature du maloya et non celle du séga. Le maloya :

  • ·         est représentatif de l'identité culturelle réunionnaise ;
  • ·         c'est un symbole de la résistance des opprimés ; pour cette raison, on a tenté de le détruire dans le passé et il pourrait, dans le futur, être combattu, avec risque d'élimination ; c'est la raison pour laquelle il est nécessaire de prendre des mesures de sauvegarde permettant de le protéger.

Ces deux arguments se retrouvent d'ailleurs dans le texte de l'UNESCO expliquant pourquoi il importe d'inscrire le maloya sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

"Facteur d’identité nationale, illustration des processus de métissages culturels, porteur de valeurs et modèle d’intégration, le Maloya est fragilisé par les mutations sociologiques ainsi que par la disparition de ses grandes figures et du culte aux ancêtres"[8].

Quant au séga, il constitue certes une composante représentative de la culture réunionnaise. Mais il n'a jamais été menacé de destruction par des forces sociales qui auraient été opposées à son existence, bien au contraire. C'est pourquoi il n'a pas besoin, du moins pour le moment, d'être préservé comme élément original et typique du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

 



[1] Les Tamaouls couramment appelés Malbars à La Réunion sont originaires du sud de l'Inde ; les Indo-Pakistalais de religion musulmane sont dénommés Zarabs ; le terme de Sinois désigne les Chinois provenant essentiellement des provinces de Guangdong et du Fujian.

[2] Michèle Marimoutou ; Les engagés du sucre ; 1989 ; Saint-Denis ; p. 117 et suivantes.

[3] Témoignages relate l'histoire de ce disque dans les termes suivants : "Dans les années 60, années Debré, le Parti communiste réunionnais s’oppose vivement au pouvoir en place avec pour mot d’ordre, l’autonomie de La Réunion. Le 29 août 1976, au gymnase Manès du Port, devant 3.000 personnes se tient le 4ème congrès du PCR. Ce soir-là, Firmin Viry et sa troupe entonnent un maloya. Les micros sont encore ouverts. La bande gravée est sur 33 tours : le premier disque de maloya est né. Le maloya devient alors politique et s’érige en symbole de la résistance à l’oppression... ".

http://www.temoignages.re/plus-rien-ne-peut-effacer-le-maloya,52288.html

 

[4] Le 1er octobre 2009, la Convention internationale de l’UNESCO réunie à Abu Dhabi pour examiner les candidatures venues du monde entier a inscrit le maloya sur la liste des éléments faisant partie du Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité.

[5] Voir la position de Bernadette Ladauge in : http://www.linfo.re/Bernadette-Ladauge-Le-Maloya-a-l-Unesco-c-est-une-connerie?debut_question=3

[6] Le dossier de candidature du maloya, préparé avec l'aide du PRMA (Pôle Régional des Musiques Actuelles) et de nombreux artistes (Danyel Waro….) a été proposé à l’UNESCO par l’État Français à la demande de Paul Vergès, alors Président de la Région Réunion.

[7] http://www.runmuzik.fr/patrimoine/actualite/le-maloya-au-patrimoine-culturel.html.

[8] Projet de décision 4.COM 13.40 ; ITH/09/4.COM/CONF.209/13 Paris, 3 août 2009.